Vitraux (16ème siècle)

Publié le par muriel

Les vitraux qui subsistent de cette époque à La Mailleraye et à l'église paroissiale Saint-Valentin ont été exécutés sous le gouvernement de François de Fontenay (1524-1549), qui fit peindre dans l'église Notre-Dame une décoration dont on voit encore les traces.

LA SANTA CASA DE LORETTE (La Mailleraye)
La légende de Lorette, si populaire en France au temps de François Ier, a inspiré une grisaille dont le style indique les environs de 1530. Trois femmes sont agenouillées devant la chapelle miraculeuse, dont la porte ouverte laisse voir une Vierge assise portant l'Enfant Jésus. Dans le bois voisin, des brigands attaquent les pélerins. Ces détails consacrés se trouvent dans toutes les représentation de la légende, et notamment dans les bas reliefs de la fameuse cheminée de Rouen, aujourd'hui conservée au Musée de Cluny.

LES DOCTEURS DE L'EGLISE LATINE ET DE L'EGLISE GRECQUE (La Mailleraye et église paroissiale de Jumièges)
Le Moyen Age, à son déclin, aimait à placer les Docteurs de l'Eglise en regard des Evangéliste, comme opposer les Prophètes aux Apôtres. On voit ainsi Saint Augustin, Saint Grégoire, Saint Jérôme et Saint Ambroise dans les vitraux de Bourges et de Riom et sur les portes de la Cathédrale de Beauvais, par exemple. Mais ce sont là lesPères de l'Eglise latine. Ceux de lEglise grecque n'étaient pas mis à contribution.
Esquissés dès le VIIème et le VIIIème siècles par les peintres de Sainte-Marie-Antique, au Forum Romain, repris par les mosaïstes de la chapelle Palatine de Palerme (terminée en 1143), le parrallèle des Docteurs grecs et latins ne parâit pas avoir reçu sa forme définitive avant le XIVème siècle.
En 1298, une constitution du pape Boniface VIII avait fixé pour toujours la composition du groupe latin. Quelques années après, on figura dans les mosaiques du baptistère de Saint Marc, à Venise, "les quatres Pères de l'église latine qui écrivirent des textes grecs, tandis que les quatre Pères de l'Eglise grecque (S.S. Basile, Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome et Athanase)  tiennent des cartels où sont des textes latins".
Ce thème, qui devait inspirer le Bernin trois siècles plus tard dans son monument de la Chaire de Saint Pierre, exprimait une idée à peine moins grandiose que le parallèle des Evangélistes et des Docteurs. Il ne parvint cependant pas à s'imposer.
La série de Jumièges constitue une exception peut-être unique en France, puisqqu'elle nous avait légué un saint Jean Chrysostome, naguère placé dans la chapelle de la Mailleraye, en face d'un saint Grégoire le Grand. Nous avons pu retrouver dans une fenêtre de l'église paroissiale de Jumièges la moitié du cartouche de saint Ambroise : S: AMBR(OSIVS), et le lion de saint Jérôme. Donc l'oeuvre primitive comprenait très probablement la série des huit Docteurs grecs et latins.
Parfaitement conservés l'un et l'autre jusqu'en 1942,les panneaux de La Mailleraye étaient disposés de la même façon.
Derrière le saint personnage debout, deux anges tendaient une draperie grenat ou d'un pourpre rosé. Saint Jean Chrysostome (S. JOHANNES CHRYSOSTOMVS) portaiit la mitre et la crosse, et s'enveloppait dans une chape blanche. Il lisait dans un livre qu'il tenait de la main gauche. Saint Grégoire le Grand (S.GREGORIVS) est coiffé de la tiare papale et porte la croix à triple croisillon.
Les touches dorées qui réchauffent la blancheur des tuniques et des chapes, le modelé souple des draperies, la vie puissante des attitudes, décèlent dans ces panneaux exécutés vers 1530 l'influence du grand peintre-verrier Engrand le Prince, influence qui régna sur les ateliers rouennais pendant le second quart du XVIème siècle et jusqu'aux environs de 1560. On serait même tenté de prononcer le nom d'un élève direct du maître de Beauvais, Romain Buron de Gisors.

VITRAUX "CIVILS" (Eglise paroisssiale de Jumièges)

Le même élève du maître de Beauvais à peint à coup sûr toute la série des menues figures enchassées aujourd'hui dans la vitrine blanche d'une fenêtre de l'église Saint-Valentin, celle-là même où nous avons retrouvé quelques débris des Docteurs de l'Eglise. Tout d'abord, on croit voir des fragments retaillés; mais la parfaite régularité des dimensions oblige à reconnaître qu'il s'agit de petits panneaux destinés à décorer des chassis de "losanges" aux fenêtres d'une salle ou d'une chambre. Parmi les personnages complets, on distingue un saint François d'Assise (recevant les stigmates), un Prophète, la Sibylle Persique (portant une lanterne), un saint Diacre, un Religieux, un Ange musicien (jouant de la flûte), etc. Une facture rapide et spirituelle, qui excelle à rendre les jeux de la lumière sur les étoffes blanches, donne à ces grisailles un charme piquant.
D'autres "vitraux d'appartement", d'un format moins rare, sont placés au tympan de la même fenêtre. Ce sont deux panneaux carrés, peints vers la fin du XVIème siècle en grisaille, avec applications de noir, de jaune d'argent et de "jeancoursin". Ils représentent "saint Aichadre" et "saint Philibert", les grands saints de Jumièges.

CONCLUSION

Les fragments que nous venons d'analyser et de classer ne suffisent pas sans doute, en l'absence de toute description ancienne, pour "reconstituer" entièrement la vitrerie de Jumiège. Ils permettent du moins de constater que dans la vieille abbaye normande l'art du vitrail ne le cédait en rien à l'architecture ni à la sculpture.
Les Apôtres de la Mailleraye et de Saint-Valentin s'égalent à ce qui s'est fait de plus achevé en France au XIVème et au XVème siècle. Ce sont des morceaux que l'histoire générale de l'art ne saurait négliger.
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G
Bonne soirée Muriel toujours pas de musique...? amitiés Yves
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S
Quand j'étais gamin (ne ris pas, c'était hier !) je n'entendais parler de Jumièges que pour les cerises et les prunes !!! Je n'ai qu'un souhait, que ta SEP s'endorme et te laisse vivre tranquille. Que Dieu te bénisse comme il l'a fait pour ma fille, il y a trente ans. Bon courage amie ! Bisous
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