La cène de Cana
Cette cène, unique dans les Envangiles, où l'on voit la Vierge se dispenser de l'assentiement de Jésus et lui forcer en quelque sorte la main pour obtenir de lui ce prodige qu'elle réclame, est extraordinaire si l'on en extrait le sens symbolique qu'elle recèle.
Il ne s'agit pas, en effet, de contenter les convives dont l'appétit est déjà repu, en les régalant d'un vin plus savoureux que celui qui leur fut jusqu'à ce moment servi ; il ne s'agit pas non plus du mariage d'un homme et d'une femme dont saint Jean n'a même pas cru nécessaire de noter les noms ; il s'agit de l'union entre Dieu et l'Eglise, des joies nuptiales de Notre-Seigneur et de l'âme ; et ce n'est pas l'eau qui se transforme en vin, mais bien le vin qui se transforme en sang.
Ces noces de Cana ne sont qu'un prétexte et qu'un emblème, car tous les exgésètes sont d'accord pour reconnaitre dans cette scène le symbole de l'eucharistie.
Il est avéré que l'Ancien Testament préfigure le Nouveau, mais ne pourrait-on admettre ausssi que certains passages des l'Evangiles préfigurent, à leur tour, d'autres des mêmes livres ? Les noces de Cana ne sont en effet, que l'image avant la lettre de la Cène. Le premier miracle produit par le Messie, au début de sa vie publique, annonce celui qu'il accomplira, la veille de sa mort.
Joris-Karl Huysmans
Joris-Karl Huysmans (décédé en 1907) mena une carrière d'éceivain et de critique d'art. Après sa conversion vers 1895, il mit son talent et sa sensibilité réaliste au service de ses convictions catholiques, avec En route (1896), La Cathédrale (1898), ou encore Les Foules de Lourdes (1905)