Apparition du "mal des Ardents"
"Quantité de monde, écrit l'historien Henri Sauval, tant à Paris qu'aux environs, périrent d'une maladie appelée feu sacré ou mal des ardents. Ce mal brûlait petit à petit et consummait sans qu'on pût y remédier. "En 945, sous le règne de Louis d'Outre-Mer, apparaît une cruelle épidémie à laquelle on donne alors les noms divers de mal des ardents, mal sacré, mal des enfers, feu de Saint Antoine ou encore feu de Saint Marcel.
L'hagiographe Frodard, qui se trouve à Paris cette année là, affirme que les nombreux parisiens qui en sont atteints la doivent aux incursions normandes. En outre, il décrit le mal : "En l'an 945, tomba sur les humains une peste de feu si âpre et si furieuse qu'elle brûlait les corps indistinctement, tant que tout était infect de la maladie. Les vivants en étant frappés étaient consumés jusqu'à mourir. Les uns se sentaient pris aux pieds, les autres aux mains, et, de ces extrémités le mal gagnait le coeur. Petits, grands, jeunes et vieux, hommes et femmes étaient infectés de cette peste."
"Le mal, ajoutent les moines du Moyen Age, commence par une sensation incommode aux pieds, une sorte de fourmillement ; de là le mal se porte aux mains et successivement à la tête. Les malades jettent des hauts cris et se plaignent d'un feu dévorant qui leur brule les peds et les mains. Des sueurs très abondantes ruissèlent en même temps sur tout le corps. Quelques malades deviennent totalement aveugles ou voient des objets doubles. Cette maladie dure deux, quatre, huit, quelque fois douze semaines avec des intervalles de repos."
Les malades sentent leurs membres dévorés d'un feu intérieur qui s'achève ordinairement par une mort affreuse. Une partie d'entre eux sont en prie à des hallucinations, d'autres, la bave aux lèvres, gesticulent et prononcent des phrases incohérentes. En cette année 945, le mal ardent enlève près du tiers de la population de Paris. Il réapparaitra en 1130. La chasse de Sainte Geneviève, qui aura la réputation en 945 d'opérer des guérisons miraculeuses, sara alors apportée à Notre Dame de Paris. Plus tard, pour la recevoir, une chapelle dite de Sainte-Geneviève-des-Ardents sera construite.
Depuis le XIXème siècle, la plupart des pathologistes reconnaissent dans le mal des ardents un ergotisme gangreneux, certains le considèrent comme une sorte de peste avec "bubons, charbons et pétéchies.