Vitraux (15ème siècle)

Publié le par muriel

Le XVème siècle ne fut pas une époque heureuse pour l'abbaye de Jumièges. Néanmoins, le glorieux règne de Simon du Bosc (décédé en 1418) nous a laissé quelques vestiges forts précieux de vitraux entièrement  peints en grisaille : un symbole des Apôtres et une Vie de la Vierge, recueillis par l'église paroissiale Saint Valentin. D'autres morceaux intéressant du XVème siècle, provenant peut-être de l'abbaye, figuraient dans les collections de Madame Lepel-Cointet.

LE SYMBOLE DES APOTRES (Eglise paroisssiale de Jumièges)

Le thème du Credo a été repris à Jumièges une seconde fois, à cent ans de distance, avec toutes les ressources d'une technique renouvelée par l'évolution de la peinture. Mais nous ignorons si le verrier du XVème a, comme son devancier, représenté les Prophètes. Nous ne possédons plus, en effet, que trois panneaux occupés par les Apôtres.
Saint Mathias d'abord, fort mutilé, mais désigné par son attribut : l'épée, et par l'article du symbole que lui assigne la tradition :
"Vitam (a)eternam, amen"
Saint Barthélémy
a souffert davantage encore; mais on lit sur ses pieds : Berthelemieu, et le phylactère porte l'inscription : "(et) in spiritum sanctum). Les débrits de cette figure s'étaient trouvés mélangés avec les beaux fragments décoratifs du XIVème siècle dont on a parlé plus haut. Ceux-ci ont été isolés lorsque le vitrail fut remis en plomb dans les ateliers de M. J.B. Devisme. Sans prétendre faire oeuvre de "restaurateur" un peintre habile, M. Moïse fils, rendit alors une tête à  l'apôtre et à son voisin en jetant quelques coups de pinceau sur un morceau de verre blanc.
Par bonheur,  le troisième panneau nous est parvenu à peu près intact. Saint Simon y paraît avec sa lance et son phylactère :"remissionem peccatorum". L'apôtre se drape  dans un ample manteau bordé de perles. Sa tête nimbée est un ouvrage d'une perfection rare, car, ici, la recherche de l'exactitude réaliste et la multiplication infinie du détail n'ont nui ni à la solidité de la construction, ni à la force de l'expression, qui demeure sérieuse et mâle. Notre planche permet de juger avec quelle application soutenue le peintre-verrier a "poussé" son modelé, tantôt doublant, tantôt contrariant le trait par des "lumières" enlevées au petit bois, sur la grissaille. Cette belle maîtrise technique, le parti-pris de sacrifier la couleur, l'élégance raffinée des formes, et cette mode même qui a noué les cheveaux de l'apôtre au dessus du front, tout cela nous oblige à évoquer l'art parisien des environs de l'an 1400 et le prodigieux ouvriers qui travaillaient alors pour le duc Jean de Berry.
Ce symbole mutilé de la pauvre église de Jumièges mérité d'être classé entre les vitraux de la Saint-Chapelle de Bourges et ceux du croisillon nord de la Cathédrale du Mans.
Le fond de nos panneaux, qui simule sans doute une draperie, est garni de cartouches polygonaux à pans incurvés encadrant des motifs de feuillage finement traités. Il n'a pas encore été rencontré ailleurs cette décoration singulière, peinte, comme le reste du vitrail, en grisaille sur verre blanc, avec des rehauts de jaune d'argent.

LA VIE DE LA VIERGE (Eglise paroissaile de Jumièges)

Dans la même lancette que le Saint Simon, deux grands fragments subsistent d'une Vie de la Vierge, également peinte en grisaille. C'est d'abord l'ange de l'Annonciation dont le visage en partie effacé s'encadre de boucles blondes. Sur le phylactère, on lit : "....gracia pleina...."
L'autre panneau provient d'un Couronnement : la Sainte Vierge est assise sur une "chaire" d'or. Un angelot esquis, aux longues ailes éployées pose la couronne sur sa tête. Fond bleu damassé.

NOTRE-DAME-DE-PITIE ET FRAGMENTS DIVERS
 (Ancienne collection Lepel-Cointet)
La riche collection de Madame Lepel-Cointet possédait, parmi une grande quantité de vitraux d'appartements, dont plusieurs sont étrangers, quelques fragments religieux qui ont pu appartenir à l'abbaye de Jumièges.
Le plus important est une Vierge de Pitié qui date de la première moitié du XVème siècle. Les figures se détachent sur un fond rouge damassé. Deux détails sont à noter, les larmes peintes sur les joues de Notre-Dame et le sol blanc découpé en petites tertres. Ce morceau a été admis à l'Exposition "Vitraux de France" : "La grande pureté du dessin, une sorte de mesure dans le pathétique font de ce panneau une oeuvre bien française, sans trace d'influence flamende directe". Certains ne le croient pas Normand, mais souhaiteraient de le confronter avec des échantillons de l'art de la Loire".
Un dais et plusieurs grandes têtes remontent aussi au XVème siècle.
Avec un "soufflet" représentant la Trinité (Dieu le Père portant le Crucifix), nous arrivons au siècle suivant.
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