Les vitraux de Jumièges (1)

Publié le par muriel

Dans la désolation des ruines de Jumièges, un seul morceau de verre est, parait-il, resté en place, au tympan d'une fenêtre gothique de Notre-Dame. Ne craignez pas que nous prétendions reconstituer la vitrerie des deux églises abbatiales au moyen de cet échantillon unique et minuscule. Un cuvier n'y parviendrait pas, et pour cause.
Les miettes de verre du XIIIème siècle, recueilliues à plusieurs reprises dans l'ancien Réfectoire ne nous retiendront pas davantage, malgré leurs magnifiques coloris. Elles prouveraient seulement, s'il en était besoin, qu'au temps de Saint Louis, l'abbaye de Jumièges possédait des vitraux peints.
Par bonheur, les trois siècles suivants nous ont légué des témoins plus éloquents de son ancienne richesse. Ce sont les quelques quarantes panneaux entiers ou fragments notables qui décorent aujourd'hui la chapelle de La Mailleraye et garnissent deux fenêtres de l'église paroissiale Saint Valentin de Jumièges.
La provenance de ces précieuses reliques n'est pas douteuse. Toutes les notices consacrées à la chapelle de l'ancien château de La Mailleraye indiquent que les vitraux n'ont pas été faits pour ce petit édifice, construit à la fin du XVIème siècle. Elles précisent qu'ils viennent des abbayes voisines : Jumièges et Saint Wandrille. A notre avis il faut éliminer Saint Wandrille, car presque tout ce que l'on voit à La Malleraye trouve sa contrepartie dans les fragments de Saint-Valentin de Jumièges.
Ceux-ci, d'autre part, se distinguent très nettement du reste de la vitrerie du déambulatoire, exécutée, avec un appréciable souci d'unité, de 1569 à 1579. La description assez complète donnée par C.C. Deshayes dans sa Terre Génétique (1821) et dans son histoire de l'Abbaye royale (1829), n'en fait d'ailleurs aucune mention.
Enfin, il est possible que quelques vestiges des verrières de Jumièges aient trouvé place dans les riches collections de Madame Lepel Cointet, naguère conservées au Musée de l'Abbaye.
Nous allons étudier brièvement toutes ces épaves, en suivant l'ordre chronologique. Mais signalons d'abord les graves dégâts subis par les vitraux de La Mailleraye dans la nuit du 2 au 3 avril 1942.
Une bombe, lâchée par un avion anglais en difficulté, ayant éclaté sur la berge de la Seine, tout près de la chapelle, trois vitraux sont tombés à l'intérieur de l'édifice. Les autres, demeurés en place, présentaient des trous béants  à l'exception d'un resté intact.
Les débris, recueillis par les soins de Monsieur Vavasseur, Notaire à La Mailleraye, ont été confiés à Messieurs Gaudin, peintre-verriers à Paris, qui ont réparé de leur mieux le dommage, sans pouvoir, hélas, restituer le Saint-Jean Chrysostome, pulvérisé par l''explosion. Quant au vitrail de Saint Blaise, le plus précieux de tous, il demeurera mutilé.
Notre description donnera l'état de la vitrerie avant la guerre.
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